Harar, aussi appelée Harar Jugol, est une ville musulmane fortifiée de l'Est de Ethiopie. Ce lieu sacré, considéré comme la quatrième ville sainte de l'islam, se trouve au cœur d'une Éthiopie en majorité chrétienne. Harar possède 82 mosquées et une architecture traditionnelle unique. Classée au Patrimoine Mondial de l'Unesco, la vieille ville d'Harar Jugol" constitue un incontournable touristique du Pays. On y contemple des mosquées édifiées au 13ᵉ siècle, des murailles construites au 16ᵉ siècle et des maisons traditionnelles de l'immigration indienne du 19ᵉ siècle.
Crédit photo : David KIRKLAND
À savoir sur Harar Jugol en Ethiopie
1. Localisation d'Harar
La ville fortifiée d'Harar se situe à 500 km à l’est de la capitale Addis-Abeba. La ville est construite sur une colline dans la vallée du Rift, à une altitude de 1 885 mètres, sur un plateau encerclé par d'immenses déserts et de profonds canyons.
Harar se situe dans la partie orientale de l'Ethiopie, dans la région du peuple Harari, petit territoire officiellement région d'Etat, au nord-est de l'immense région Oromia, non loin de la frontière de la région Somali. Harar est la capitale de l'est de Hararghe (zone de la région d'Oromia) mais également la capitale de l’Etat régional national du peuple harari (HPNRS).
2. L'histoire (en bref) de la ville d'Harar en Ethiopie
Jugol signifie "murailles" et Harar vient de Harari, nom d'une population à l'origine de cette région. Ses habitants la nomment "Gy". Les Harari parlent la langue Harari aussi appelée Gey Ritma.
Située entre la péninsule arabique et le reste du royaume d’Abyssinie, ce fut un carrefour commercial très stratégique pour le commerce du café éthiopien, de la vannerie, du musc, de l'encens et des peaux de bêtes.
Les ancêtres de Hararis (les harlas) ont pénétré en Éthiopie par les rives du nord de la Somalie en provenance d'Arabie. À la fin du Moyen Âge, au début du 13ᵉ siècle, un chef religieux originaire de l'Arabie Saoudite actuelle, s'est installé ici, a épousé une femme Harari et a construit la mosquée Jamia de la ville. C'est la première fondation symbolique de la ville.
Au 16ᵉ siècle, les murs ont été érigés autour de la ville de Harar pour symboliser leur non-appartenance au peuple Oromo qui était en majorité aux alentours.
Puis, l'Émirat de Harar a été fondé en 1647, lorsque le peuple Harari a entrepris de créer son propre État. Comme tous les États musulmans de la région, l'Emirat de Harar était sous la protection de l'Empire Ottoman dont voici l'étendue à l'époque :
L’Égypte a par la suite annexé l’Émirat de Harar en 1875, puis l’empire britannique s'est imposé en 1882. Cependant, ces derniers ont rendu la ville à l'ancien émir de Harar en échange d’une aide contre les Forces mahdistes au Soudan.
Enfin, l'émirat a été détruit et annexé par les armées de l'empereur Menelik II et est officiellement intégrée à l'Éthiopie en 1887.
Aujourd'hui, elle est connue comme la quatrième ville la plus sainte de l’Islam, au sein de l’Éthiopie majoritairement chrétienne. Harar Jugol compte 82 mosquées et possède des maisons particulièrement colorées.
3. Ethnies et religions en région Harar
La ville de Harar est le plus ancien centre d'enseignement de l'islam dans le pays. Pratiquement tous les Harari sont musulmans. La région d'Harar est aujourd'hui partagée entre plusieurs ethnies, les Oromos représentent plus de la moitié des habitants, les Amharas représentent un tiers de la population, tandis que les Hararis ne constituent plus que 7% de la population. Le harari est resté la langue officielle de cet état. La région est à majorité musulmane mais les orthodoxes représentent un tiers de la population.
Comment se rendre à Harar en Ethiopie ?
Pour rejoindre Harar, vous pouvez arriver :
par la route (8 h 30 depuis la capitale)
en avion par l'aéroport d'Aba Tenna Dejazmach Yilma à Dire Dawa, à 1h de route de la ville.
Ce qu'il faut faire et voir à Harar
1. Arpenter la vieille ville
Harar Jugol est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2006. Son histoire, ce mélange entre traditions musulmanes et africaines ont donné lieu à un urbanisme unique en son genre. C'est la vieille ville qui renferme le plus de trésors architecturaux, comptant de nombreuses mosquées, sanctuaires et cathédrales. La beauté des lieux est due aux ruelles étroites et à ses murs calcaires recouverts de pigments. Le cœur de la ville d'Harar Jugol est occupé par les édifices religieux et des lieux d'échanges commerciaux. Ce cœur est entouré d'un labyrinthe de ruelles aux façades imposantes. Le patrimoine culturel le plus époustouflant est celui de la maison harari traditionnelle.
À la fin du 19ᵉ siècle, des commerçants indiens y ont construit des maisons traditionnelles indiennes, apportant une nouvelle mixité au paysage architectural. C'est ici également que se trouve la maison du poète français Arthur Rimbaud qui y séjourna de 1880 à 1891 !
La vieille ville de Harar se découvre à pied, car elle est traversée par 368 ruelles étroites ! Parcourez les fortifications hautes de 5 mètres qui courent sur 3,5 km et découvrez les sept portes de la ville. La vieille ville d'Harar est très animée par de nombreux marchés dont un des plus célèbres est le Magala Guddo.
Vous passerez alors par les sites suivants, selon le temps que vous passerez sur place :
Les maisons traditionnelles harari, dont les salons sont garnis de tapis et de coussins orientaux et richement décorés d'artisanat
La cathédrale Medhane Alem
La maison de Ras Mekonnen
La rue Mekina Girgir (ou Machine Road), rue pavée où les tailleurs travaillent sur leurs machines à coudre.
Les mosquées Jamia (Grand Jami), Aw Abdal, Din Agobara
La maison de Rimbaux (voir plus bas)
La Ras Tafari's House (là où Haile Selassie a passé sa lune de miel) et le musée Sherif Harar
La tombe de Sheikh Abadir, le fondateur légendaire et second émir de Harar, est un lieu de pèlerinage important.
2. Assister au rituel des hyènes tachetées
Une tradition ancienne implique l'alimentation des hyènes tachetées, qui peuvent être surveillées par les touristes. Le long de l'enceinte fortifiée, vous remarquerez des passages aménagés pour la circulation des hyènes, qui servaient officiellement à "ramasser" les déchets de la ville. Pour que les animaux ne pénètrent pas trop près des demeures, les habitants ont décidé de les nourrir près de leurs décharges. Aujourd'hui encore, les hyènes rôdent près des poubelles de la ville, et tous les soirs, pour s'en protéger et comme rite religieux, les habitants nourrissent les bêtes !
Il y a deux endroits où vous pourrez assister à ce rituel extraordinaire, à environ 1,5 km à l'est de la porte d'Erer et au nord de la porte Fallana.
3. Visiter la Maison de Rimbaud
La maison Rimbaud est maintenant un musée. On l'appelle Maison Rimbaud en hommage au poète qui vécu dans la ville, mais cette maison n'est pas la sienne. Cette belle demeure en bois possède des vitraux multicolores, elle fait partie des bâtiments érigés par de riches indiens. Elle présente des images d'Arthur Rimbaud à Harar, des extraits de ses ouvrages, mais aussi des photos retraçant les expéditions des explorateurs de la région. Elle se visite surtout poue la vue panoramique qu'offre la visite de son étage.
Horaires de visite : Du lundi au samedi de 8h à 12h et de 14h à 17h. Le dimanche de 8h à 12h.
Tarif : 50 birrs (1.50 €)
4. Explorer la montagne Kundudo et la grotte Gursum
Vous pourrez découvrir la montagne Kundudo surplombant la ville qui abrite une population de chevaux sauvages. Cette montagne abrite également une grotte de stalactites qui compte parmi les 5 plus belles d'Afrique (Gursum Pearl Cave). Ce site n’est pas encore très développé pour le tourisme, c'est donc une réelle expédition sans pistes. Les grottes ne sont pas éclairées. Pour vous y rendre, comptez environ 1h30 de route depuis Harar.
5. Rencontrer les éléphants du sanctuaire de Babille
Le Sanctuaire de la vie sauvage de Harar et le Sanctuaire des éléphants de Babille forment deux aires protégées en Éthiopie. À environ 25 km de la ville d'Harar, vous pourrez donc découvrir à Babillé le Loxodonta Africana, espèce endémique d'éléphants. Le sanctuaire héberge aussi des koudous et des lions. Le braconnage a sévèrement été pratiqué ici, il ne reste qu'une centaine d'éléphants ici.
6. Goûter la Bière de Harar
La bière de la brasserie Harar est réputée, c'est une blonde "pale lager" considérée comme étant un peu à part. N'omettez pas d'en savourer une pour accompagner votre injera (plat national)
7. Découvrir les fermes de khat
Le khat (qui se dit "Tchat") est particulièrement apprécié ici. C'est une plante qui se mâche et qui est utilisée comme stimulant par ses consommateurs. À Harar, vous observerez de nombreux locaux en mâcher, vous croiserez de nombreux vendeurs de cette plante, mais vous pourrez aussi découvrir les fermes de khat et les procédés de préparation.
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