Pour une parenthèse sauvage, authentique et profondément dépaysante au Sénégal, direction le Sine Saloum ! Ce trésor naturel et culturel, formé par la confluence des fleuves Sine et Saloum, dessine un labyrinthe de bolongs (bras de mer), de mangroves et d’îles sablonneuses qui se jettent paisiblement dans l’Atlantique. Ici, la terre, l’eau et les traditions ne font qu’un. C’est un territoire à part, à la fois poétique, préservé et profondément ancré dans l’histoire du pays.

Lors de mon séjour, j’ai découvert un lieu riche en biodiversité et en humanité, où chaque journée se vit au rythme du soleil et des marées. Entre balades en pirogue, immersion dans la vie locale, découverte de baobabs, moments de repos dans un hamac et découvertes culinaires, le Sine Saloum m’a offert une vraie reconnexion. Une de mes étapes préférées lors de ce premier voyage au Sénégal.
Où se situe le Sine Saloum ?
Le Sine Saloum se trouve à l’ouest du Sénégal, entre Dakar et la frontière gambienne, principalement dans la région de Fatick. Depuis Dakar, il faut rouler près de quatre heures pour s'y rendre.

Cette terre sauvage se trouve juste après la Petite Côte, une zone balnéaire très fréquentée qui s’étend de Somone à Joal. Une fois passé la plage, on entre progressivement dans les paysages plus sauvages et authentiques du Sine Saloum. Cette région s’étend en grande partie dans l’arrière-pays, jusqu’à la frontière gambienne, en englobant des localités comme Foundiougne, Toubacouta ou Sokone.

Ce territoire tire son nom des deux fleuves qui le traversent : le Sine au nord et le Saloum au sud. Historiquement, ces deux cours d’eau ont donné naissance à deux royaumes distincts, tous deux habités majoritairement par le peuple sérère, l’un des plus anciens du pays.
Aujourd’hui, le terme Sine-Saloum désigne à la fois une région géographique, écologique et culturelle, qui englobe une vaste zone de bolongs, de mangroves, d’îles et de tannes salées. Cette région abrite notamment le delta du Saloum, une zone classée Réserve de biosphère par l’UNESCO en raison de sa biodiversité exceptionnelle et de ses écosystèmes uniques.
Ainsi, le Sine Saloum est bien plus qu’un point sur la carte : c’est un territoire vivant où cohabitent nature, traditions, spiritualité et savoir-faire locaux, profondément liés à l’eau et à la terre.
Eau, nature et traditions

Contrairement à la Petite Côte, très touristique, le Sine Saloum séduit par son ambiance paisible, ses bolongs, ses mangroves luxuriantes et ses villages traditionnels. C’est une transition naturelle entre les plages animées du littoral et les zones rurales et fluviales du sud-ouest sénégalais.
Le Sine Saloum offre une incroyable diversité de paysages : mangroves foisonnantes, îlots isolés, forêts de baobabs, lagunes salées, et bien sûr, les célèbres bolongs, ces bras d’eau qui forment un réseau aquatique unique. Le delta du Saloum, à l’ouest de la région, est un concentré de cette richesse : un paradis pour les oiseaux migrateurs, les lamantins, les dauphins et une multitude de poissons.
Sur le plan humain, on entre ici en territoire sérère, un peuple chaleureux, ancré dans ses traditions agricoles, spirituelles et culinaires. La pêche, le mil, les rituels animistes et les chants font partie du quotidien. Le tourisme y reste modeste, souvent porté par des acteurs locaux engagés dans une approche responsable et immersive.

Ecolodge sur un amas coquiller

Réalisant un circuit de 15 jours au Sénégal avec Esprit d’Afrique, j'ai logé dans une hutte vue sur mer aux Barracudas, un établissement écoresponsable appartenant à l'agence locale.
J'y ai découvert une adresse remplie de charme, nichée au bord d’un bolong, à deux pas d'un petit village sérère. Ce petit havre de paix est construit sur un ancien amas coquillier, un site naturel et historique formé par l’accumulation de coquilles au fil des siècles !

L’accueil y est chaleureux, presque familial. Ici, du confort simple, une nature omniprésente et une ambiance profondément humaine. Les cases sont installées dans un jardin luxuriant, la piscine possède une vue somptueuse et les repas sont préparés avec soin, toujours à base de poissons frais et de produits du potager.

Les Barracudas disposent de kayaks pour partir explorer les bolongs à son rythme. Mais, pour les amateurs de détente pure, rien ne vaut le hamac face à l’eau, bercé par le vent, un livre à la main ou les yeux fermés. Une forme de luxe simple, profondément apaisante.


L'équipe compte de jeunes guides débordants d'énergie qui veillent avec bienveillance à ce que chaque hôte vive une expérience authentique et apaisante dans ce coin de paradis. De nombreuses excursions sur mesure sont proposées aux hôtes, pour organiser leurs journées selon leurs envies.
Pirogue sur le Saloum

L’un des moments forts de mon séjour aux Barracudas a été la balade en pirogue à travers le Parc National des Iles du Saloum. Cette balade fluviale aux allures d'"aventure amazonienne", nous a menés dans un labyrinthe de bolongs bordés par des palétuviers et des baobabs en arrière-plan.

Accompagnée d'une équipe joviale, j’ai navigué dans un silence seulement troublé par les chants des oiseaux et le clapotis de l’eau contre la coque.

Nous avons observé hérons et martins-pêcheurs, et avons navigué jusqu'à atteindre un îlot désert où nous avons pris du bon temps.


Barbecue de poisson, pêche et dégustation d'huitres, baignade, bière fraiche et "awalé" (un jeu local en bois)... Un instant suspendu !


Immersion dans la vie locale

Loin des circuits touristiques classiques, le Sine Saloum permet une immersion sincère dans la vie locale et des promenades dans de petits villages paisibles, dont celui de Bambougar, à deux minutes de marche des Barracudas.

J’ai été accueillie par une famille pour participer à la fabrication artisanale du ceebu jën (prononcer Thiéboudiène, signifie "riz au poisson" en wolof). Car au Sénégal, on dit que c’est autour de la cuisine que les liens se tissent vraiment.
Avant de démarrer cet "atelier de cuisine", nous avons commencé par participer au travail dans les champs, puiser de l'eau à la source, arroser la terre, planter des jeunes pousses et ramasser les légumes. Cette parcelle communautaire est gérée majoritairement par les femmes du village.

Après avoir réuni tous les ingrédients, nous avons pu les préparer au pilon et lancer la cuisson, méticuleuse.

Nous avons ensuite savouré notre délicieux repas !

Découverte du marché de Passi

Nous avons déambulé dans les allées interminables du marché de Passi, à 20 km de Sokone. Comme partout au Sénégal, c'est un brouhaha, car, en plus des négociations entre acheteurs et commerçants, de nombreux vendeurs sont équipés d'une sorte de dictatophone à haut-parleur, leur permettant de scander leurs slogans sans s'épuiser.
Les étals dégoulinent de marchandises, les charrettes passent, les chevaux s'impatientent, les artisans travaillent et les enfants s'agrippent à leur mère, tout ça à ciel ouvert, dans un patchwork de couleurs et de senteurs.

À l'intérieur d'un baobab

Non loin des Barracudas, se trouve un majestueux baobab, aussi impressionnant par sa taille que par les récits qu’il renferme. Au Sénégal, sont perçus comme des arbres sacrés et jouent un rôle central dans les rites, les rassemblements et les croyances ancestrales.
Nous sommes entrés à l’intérieur, par une ouverture discrète au pied du tronc. Dans la pénombre, on nous a expliqué que cet arbre sacré avait autrefois servi de cimetière réservé aux griots. Un griot est à la fois un conteur, musicien et gardien de la mémoire orale des peuples. Selon une ancienne croyance encore vivace dans certaines régions, ces gardiens de la parole étaient considérés comme “impurs” car ils ne travaillaient pas la terre. Pour éviter d’attirer le malheur, on ne les enterrait pas au cœur des villages, mais on déposait leurs corps momifiés dans le creux des baobabs, loin des plantations. Pendant qu’on nous transmettait ces récits, nous nous régalions de la pulpe acidulée du fruit du baobab...

Activités populaires dans le Sine Saloum
Je vous cite deux activités dont j'ai beaucoup entendu parler, mais que je n'ai pas testées :
Réserve de Fathala : marche avec les lions… ou balade en zoo ?
Située aux portes du Sine Saloum, la Réserve de Fathala est souvent présentée comme un parc naturel, mais il est important de noter qu’il s’agit davantage d’un zoo privé que d’une véritable réserve sauvage. L’activité phare, la marche avec les lions, consiste à accompagner des félins dressés et nés en captivité. Si cette expérience peut impressionner ceux qui n’ont jamais vu de grands félins, elle perd tout son intérêt pour les voyageurs ayant déjà fait un safari authentique en Afrique. On est loin de la faune libre des parcs nationaux comme le Serengeti ou l'Amboseli.
Île de Mar Lodj : escapade entre mangroves et traditions
C’est le site le plus visité du Sine Saloum, notamment par les voyageurs qui partent de la Petite Côte pour une excursion d’une journée. Accessible en pirogue, Mar Lodj est une île splendide, nichée au cœur des mangroves. On y découvre, d'après les avis des autres voyageurs, une vie villageoise rythmée par la pêche artisanale, l’agriculture et l’élevage.
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