À l'heure où une grande partie du Monde est confinée dans l'espoir de faire reculer le cataclysmique coronavirus alias Covid-19, les voyageurs ont dû mettre leurs périples en stand by et regarder leurs rêves d'évasion s'évaporer. Tous les baroudeurs ont troqué leur hyper mobilité contre la sédentarité, les nomades ont dû trouver un refuge et les adeptes de l'outdoor songent déjà à planter leur tente dans leur salon. Toutes ces valises, chaussures et guides de randonnées, rangés sagement dans nos placards, s'inquiètent de leur avenir… Pendant ce temps, l'industrie du Tourisme est à l'arrêt et traverse une violente tempête dont personne ne connaît l'issue.
"Rester chez soi aujourd’hui, c’est pouvoir voyager demain", telle est la phrase qui nous unit tous en ce moment, mais demain... c'est quand ?
En 2017, le secteur du voyage et du tourisme a employé environ 119 millions de personnes et participé à plus de 313 millions d'emplois. C'est ainsi approximativement un emploi sur dix qui repose sur le tourisme (source).
Avec la mise en place inédite de restrictions sur les voyages partout dans le monde, les avions sont cloués au sol et le brouhaha habituel a été balayé par le silence. Les lieux bondés de touristes depuis des décennies ont mis la clé sous la porte en attendant la fin du confinement. Tous les hôtels, campings, lieux culturels, restaurants, guides touristiques, boutiques de souvenirs et loueurs de matériel liés au tourisme subissent ce choc sans précédent de plein fouet. Sans oublier les agences de voyage, bateaux de croisières, clubs de vacances (et les blogs de voyage comme le mien) qui n'ont momentanément plus lieu d'être.
En attendant de savoir à quelle sauce nous serons mangés, enfermée comme vous tous entre quatre murs, je vous synthétise ma revue de presse. Voici donc quelques données et statistiques publiées sur la crise du tourisme qui découle de cette pandémie.
I - Les pays qui souffrent le plus de la crise du Tourisme Covid-19
Si la France est la première destination touristique mondiale (cf Chiffres clés 2019 sur le Tourisme), ce n'est pas forcément les français qui au niveau individuel seront le le plus lourdement impactés par l'arrêt du tourisme. Voici quelques données statistiques qui vous aideront à comprendre l'impact économique du Covid-19 sur le secteur du tourisme au niveau mondial.
1. Les zones du Monde les plus touristiques
Voici la carte du Monde qui vous résume le poids du tourisme par zone, il en ressort que l'Europe est le continent numéro 1 en quantité de touristes arrivants avant l'Asie. Au total, l'Europe accueille plus de la moitié des touristes internationaux (51%) tandis que l'Asie en perçoit plus d'un quart (28%). Les Amériques ne comptent que 15% des arrivées mondiales, l'Océanie 12% et l'Afrique 5%.
Du point de vue des recettes, l'Europe perçoit 39% des revenus du tourisme mondial, tandis que l'Asie en perçoit 30% et les Amériques 23%. Cependant c'est l'Océanie qui génère le plus de revenus par touriste (3600$ par touriste) tandis que l'Afrique est loin derrière avec 570$ par touriste.
Mais ces chiffres ne reflètent pas les écarts qui dépendent des volumes (population, emplois, part des touristes nationaux et internationaux dans les recettes) mais aussi des motifs des voyages (loisir, famille, luxe, business, religion...) et surtout du coût de la vie de chaque Pays.
Ci-dessous quelques indicateurs qui détaillent certains points afin de mieux appréhender la situation du tourisme dans les régions du Monde face à l'épidémie du Covid-19.
2. Le poids du tourisme dans le PIB
Une donnée intéressante pour comprendre quels Pays comptent le plus sur le tourisme pour maintenir leur économie globale, consiste à comparer le PIB mondial de chaque Pays (source) avec la part de PIB liée au tourisme (source).
J'ai croisé ces deux données afin de faire ressortir quels pays sont les plus en difficulté avec la crise du tourisme, considérant que leur PIB s'appuie fortement sur une activité touristique.
Il en ressort que la Thaïlande voit près d'un quart de son PIB en danger tandis que la part du tourisme sur le PIB français est de 10%. Sans compter les recettes indirectes liées au voyage et au tourisme.
Les 5 pays les plus impactés en termes de perte de PIB, après la Thaïlande, sont le Mexique, l'Espagne, l'Italie, la Turquie et enfin la Chine. Sans compter que pour certains pays, le recensement économique et statistique manque de données quant aux recettes touristiques. L'analyse suivante permet une mise en exergue d'autres Pays non cités dans le tableau ci-dessus.
3. Les emplois liés au tourisme et au voyage dans le Monde
319 millions d'emplois dans le Monde dépendent directement du tourisme, soit un emploi sur dix !
Les recettes du tourisme totales (directes et indirectes) représentent environ 9% du PIB mondial (source). Le fait que ce secteur soit paralysé implique donc une baisse drastique des recettes et des emplois. Il y a aussi les emplois indirects qui sont à prendre en compte, tous ceux qui ne sont pas liés au tourisme mais dont l'activité dépend largement du flux des visiteurs étrangers et de la mobilité des populations.
Il est difficile d'estimer la part totale de ces métiers dans l'économie de chaque Pays (principalement pour les emplois indirects) mais un indicateur est toutefois intéressant. Il s'agit de comparer le nombre d'emplois liés au tourisme avec le nombre d'arrivées de touristes. Ainsi, on obtient un ratio qui détermine combien d'emplois dépendent d'un touriste.
Ce ratio met ainsi en lumière les destinations les plus dépendantes du tourisme au regard des travailleurs de la population. Il s'agit là des Pays dont une partie de la population va ressortir de cette crise très affaiblie, parce que le nombre d'emplois liés au tourisme est particulièrement élevé en comparaison au nombre de touristes.
Et pendant que je vous écris ce sont donc des millions de personnes qui n'ont plus aucun revenus en attendant la réouverture des aéroports et lieux culturels...
En France, on compte environ un emploi directement lié au tourisme pour 100 touristes. En Europe, on ne dépasse pas 8 emplois pour 100 touristes et c'est l'Allemagne qui détient ce score, devant la Moldavie (6 emplois pour 100 touristes) et la Grande Bretagne (5 emplois pour 100 touristes).
Vous qui avez sûrement voyagé hors d'Europe, vous avez peut-être mis le pied dans un des Pays de la liste ci-dessous, vous comprendrez alors rapidement pourquoi il sont tellement touchés... En découvrant cette liste, je réalise combien mes voyages ont eu principalement lieu dans des Pays, pourtant peu visités, qui reposent crucialement sur l'économie du tourisme.
Dès que j'ai pris conscience de la situation mi-mars, j'ai avant tout pensé à mes amis du Bangladesh, de Madagascar, d'Inde et d'Ethiopie. Ils sont guides ou agents de voyage. Enfin, ils l'étaient... Que vont-ils devenir sans clients internationaux ?
Il suffit d'un voyage en Inde ou en Ethiopie pour comprendre qu'un seul touriste fait parfois vivre indirectement toute une communauté le temps de son séjour.
Voici donc le classement que j'ai réalisé pour mettre en lumière les Pays les plus dépendants vis à vis du tourisme.
Le Pakistan : 158 emplois pour 100 touristes, soit près de 2 emplois pour un seul touriste. Ce Pays qui est loin d'être une destination pour le tourisme de masse, détient un record en termes de quantité d'emplois liés au tourisme rapporté au nombre de touristes
L'Inde : 154 emplois pour 100 touristes, soit 1.5 emploi par touriste Lorsque j'ai voyagé en Inde, il est vrai que j'ai toujours été très entourée et servie par plusieurs personnes. Lorsque la crise sera derrière nous, c'est typiquement un Pays qui aura besoin des voyageurs pour redresser la barre...
Le Bangladesh : 118 emplois pour 100 touristes, soit 1 emploi par touriste J'ai eu la chance de visiter le Bangladesh et j'ai constaté à peu près le même phénomène qu'en Inde. Quand en France une personne s'occupe de dix clients, vous avez trois personnes pour prendre soin de votre voyage au Bangladesh... Pour exemple, lors de mon excursion sur les Sundarbans, nous avions un équipage de 6 personnes pour 2 touristes, rien que ça !
Madagascar : 112 emplois pour 100 touristes. L'île de Madagascar nécessite en effet, pour être découverte, de faire appel à de nombreux guides locaux (piroguiers, chauffeurs, gardes forestiers...). Cf. le récit de mon voyage solidaire seule à Madagascar
La Guinée : 96 emplois pour 100 touristes Ce Pays d'Afrique de l'Ouest au faible dynamisme touristique possède pourtant presque autant de bras que de voyageurs...
Le Nigeria : 68 emplois pour 100 touristes
Le Venezuela : 66 emplois pour 100 touristes Comme toute l'Amérique du Sud, le nombre d'employés est bien plus élevé que dans le nord de l'Amérique. Mais le Venezuela est loin devant ses voisins, le Brésil qui est le second sur la liste pour le continent sud-américain compte 1 personne pour trois touristes
L'Ethiopie : 65 emplois pour 100 touristes Ce Pays magique offre au voyageur une expérience unique, en grande partie grâce à la qualité de ses guides. J'espère que vous garderez cette destination tout en haut de vos projets d'avenir (Cf. le récit de mon voyage seule en Ethiopie)
Le Burkina Faso : 56 emplois pour 100 touristes
La Chine : 42 emplois pour 100 touristes
L'Angola : 45 emplois pour 100 touristes
Les Pays sus-cités qui vont mettre plus de temps que les autres à se remettre de la crise sont peut-être des pistes pour vos prochains voyages en 2021 ? (Pour réfléchir dans ce sens, vous pouvez aussi consulter la liste des destinations de voyage insolites)
4. Les emplois informels liés au tourisme
Pour accentuer les données précédentes, n'oublions pas les travailleurs du secteur informel (50.5% de la main-d'œuvre mondiale), des gens qui n'ont généralement pas accès aux protections sociales (source). Il s'agit là d'une donnée qui s'applique au monde du travail global (et pas uniquement celui du tourisme) mais on peut deviner la part d'emplois informels dans la restauration, l'hôtellerie ou les activités de guides touristiques.
Les salariés sont considérés comme ayant un emploi informel si leur relation de travail n'est pas, en droit ou en pratique, soumise à la législation nationale du travail, à l'impôt sur le revenu, à la protection sociale ou au droit à certaines prestations sociales.
Le taux d'informalité des emplois en Afrique est de près de 72% contre 21% en Europe et en Asie Centrale. C'est toute une partie de la population mondiale qui, face à l'immobilité des voyageurs, ne pourra bénéficier d'aucune protection sociale pour traverser la crise. Sans compter que, même pour les emplois formels, le concept même de protection sociale est quasi inexistant dans une majorité des pays asiatiques, africains et du monde arabe.
II - Avril 2020 : Etat des lieux des destinations en confinement total
L'Europe, après la Chine, a été l'épicentre du coronavirus et s'est retrouvée dans la panique début Mars 2020. C'est en Italie et en Espagne que l'épidémie a été la plus exponentielle. Les fermetures des établissements recevant du public, des frontières ainsi que la mise en place d'un confinement se sont mis en place peu à peu dans le Monde entier, enfin presque...
Au 7 avril 2020, plus de quatre cinquièmes des travailleurs dans le monde vivent dans des pays touchés par des mesures de verrouillage totales ou partielles, c'est ce qu'a affiirmé l'Organisation internationale du travail (OIT).
Voici à ce jour (10 avril 2020), les pays qui appliquent le confinement et la mise en quarantaine des populations de façon stricte, et depuis quelle date :
En Asie :
Chine 23 janvier 2020
Inde 24 mars 2020
Russie 30 mars 2020
En Europe :
Danemark : 11 mars 2020
Norvège : 13 mars 2020
Espagne : 14 mars 2020
Autriche : 16 mars 2020
République Tchèque : 16 mars 2020
France : 17 mars 2020
Belgique : 18 mars 2020
Italie : 8 mars 2020
Portugal : 18 mars 2020
Pologne : 22 mars 2020
Grèce : 23 mars 2020
Royaume-Uni : 23 mars 2020
Bulgarie : 27 mars 2020
Filande : 27 mars 2020
Irlande : 28 mars 2020
Au Moyen et Proche Orient :
Liban : 15 mars 2020
Israël : 17 mars 2020
En Amérique :
Venezuela : 17 mars 2020
Argentine : 19 mars 2020
Etats-Unis, Californie : 19 mars 2020
Etats-Unis, New York : 22 mars 2020
Colombie : 24 mars 2020
Bolivie : 30 mars 2020
En Océanie :
Nouvelle-Zélande : 25 mars 2020
En Afrique :
Maroc : 20 mars 2020
Rwanda : 22 mars 2020
Tunisie : 22 mars 2020
Ile Maurice : 24 mars 2020
Afrique du Sud : 27 mars 2020
Nigéria : 30 mars 2020
Zimbabwe : :30 mars 2020
Congo-Brazzaville : 31 mars 2020
Si certains pays n'ont pas imposé de confinement total aux populations, il existe des mesures de confinement partielles (pour les malades et personnes fragiles). Certains pays ont aussi conseillé aux gens de rester chez eux sans pour autant le légiférer.
Mais du point de vue du tourisme, doit-on déjà se dire que tous les pays qui ont tardé à instaurer ces précautions vont retarder d'autant plus la reprise du tourisme ?
Le jour où les européens pourront enfin sortir et peut-être même traverser des frontières, quid des destinations qui n'ont pas été confinées ou recensées les cas de façon stricte ? Et puis, combien de temps faudra t-il aux ex-confinés pour retrouver un peu de confiance et "oser" se rendre dans un territoire où la propagation du virus est incertaine et où les mesures "barrière" ne sont pas intégrées par les populations..?
III - Quelques chiffres sur l'industrie du Tourisme depuis Mars 2020
Les premières données sur l'impact de l'épidémie du Coronavirus sur le tourisme ont été publiées, les comités de crises se multiplient et sont en ébullition pour tenter d'analyser l'impact de ce drame sanitaire sur l'avenir du secteur touristique.
Je vous ai synthétisé ci-après les indicateurs qui me semblent pertinents pour se faire une idée de l'ampleur de la situation à ce jour.
1. La crise du tourisme en France en chiffres
Numéro 1 des destinations touristiques mondiales, la France a enregistré 98 millions de visiteurs en 2019, un record ! Selon le secrétaire d’Etat Jean-Baptiste Lemoyne, "il faudra un an et demi à deux ans pour retrouver le niveau de 2019".
Sur l'Echo touristique on peut lire :
"95% des professionnels du tourisme sont au chômage partiel"
"28% seulement des entreprises proposent des remboursements aux clients qui ont du annuler leurs voyages (en proposant un report de leur voyage ou un avoir). Les avoirs qui seront remis par les entreprises de tourisme auront une validité de 18 mois et ne pourront être remboursés qu'au-delà de cette période." Cf Ordonnance 2020-315
"Les ventes des voyagistes ont enregistré une baisse de 97% au cours de la période allant du 16 mars au 31 mars 2020, par rapport à 2019"
"Le tourisme de l'année 2020 sera (sans surprises) franco-français et de proximité comme en témoigne l'étude ci-dessous. Et mon petit doigt me dit que sur 2021 ce sera un peu dans la même continuité... " Ci-dessous une des illustrations qui accompagnent le sondage réalisé par l'Echo Touristique
Je vous rappelle les mots du secrétaire d'Etat Jean Baptiste Lemoyne à ce sujet "Désormais le Français qui part en vacances voudra avoir vraiment des garanties sur sa capacité à avoir accès aux soins, à vérifier que l'endroit où il va est bien préservé "
Sur le Parisien,on peut lire :
"La filière du tourisme génère en France environ 170 milliards d'euros chaque année. Deux millions de Français en vivent. Pour trois mois de mise à l'arrêt, c'est autour de 40 milliards d'euros de recettes en moins pour le secteur. "
Tourmag livre des informations plutôt réconfortantes en se basant sur le tourisme après-guerre :
"L’étude des principales crises du XXe siècle prouve l’incroyable capacité du secteur touristique à trouver de nouvelles solutions afin de satisfaire une clientèle qui, de son côté, ne perd pas goût aux vacances. (...) L’étude du passé nous montre à quel point les crises constituent bien souvent un accélérateur des mutations qui se dessinaient auparavant."
2. La crise du tourisme en Europe en chiffres
Après la France, les destinations les plus touristiques au Monde sont majoritairement européennes, dans le Top 10 on retrouve l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne et le Royaume Uni. Autant de destinations qui voient leurs activités touristiques couler depuis les dernières semaines.
ACI Europe (Airport Council International) délivre les chiffres alarmants de la décroissance du mois de mars :
"La journée du 31 mars 2020 illustre parfaitement l’impact du coronavirus sur le transport aérien : 174.000 passagers dans les aéroports cette année, contre 5,12 millions en 2019 (-97%). A titre de comparaison, ces mêmes aéroports avaient accueillis le 1er mars 2020 5.12 millions de clients, un résultat déjà en baisse de 11,7% par rapport à la même journée en 2019."
L'infographie ci-dessous qui présente la baisse de fréquentation des vols en Europe sur le 1er trimestre 2020, parle d'elle-même. Le trafic passagers a chuté de 59,5% sur le mois de mars. C'est une crise sans précédent qui marquera au fer rouge le secteur du tourisme, sinistré jusqu'à nouvel ordre.
Voici le scénario des prévisions sur l'année 2020, toujours selon ACI Europe. L'organisation estime que dans un scénario pessimiste, la baisse de fréquentation des transports aériens sur l'année 2020 atteindra 48% de moins qu'en 2019 (source).
Voici ce que l'on peut lire sur les rapports du World Travel Council :
"En 2019, les voyages et le tourisme étaient à l'origine de 22,6 millions d'emplois, soit 11,2% de la main-d'œuvre totale de l'UE. Au niveau mondial, le secteur des voyages et du tourisme a surpassé le taux de croissance du PIB mondial de 2,5% pour la neuvième année consécutive. Cela en fait le troisième secteur de l’économie mondiale en termes de croissance du PIB."
Le rapport 2019 sur l'impact économique (EIR) du WTTC montre à quel point le secteur des voyages et du tourisme était intrinsèque en 2019 à l'économie de l'UE, le décrivant comme "un secteur qui est l'épine dorsale de l'économie européenne et mondiale, qui est actuellement dans une lutte pour la survie avec jusqu'à 75 millions d'emplois dans le monde sont en danger immédiat, avec 6,4 millions à risque dans la seule UE"
Pour ce qui est d'un retour à la normale, on peut lire sur Les Echos la prévision "dans le meilleur des cas" :
"Selon le groupe d'études statistiques STR et le cabinet spécialisé In Extenso, dans le meilleur des cas on observera un retour de la situation de 2019 en 2022. L'expérience des crises précédentes nous a montré qu'il fallait compter 24 à 36 mois pour retrouver une situation antérieure. La chute de l'activité tant en France qu'à l'étranger est bien plus forte qu'au moment de la crise de 2008-2009."
3. La crise du tourisme au niveau mondial
L'Organisation Mondiale du Tourisme a affirmé que "2020 sera la pire année pour le tourisme depuis 70 ans" et prévoit une baisse du nombre de touristes internationaux de 20 à 30 % (source). On sait aussi qu'au niveau mondial le secteur le plus touché concerne celui de l'hôtellerie et de la restauration (source).
Rien d'étonnant me direz-vous. Voici quelques données chiffrées pour illustrer ce crash auquel nous devons faire face.
L’Association internationale du transport aérien (IATA) a annoncé que 25 millions d’emplois dans le secteur du tourisme sont menacés au niveau mondial. Voici leurs estimations par zones en termes d'emplois voués à disparaître le temps de la crise : - 11,2 millions d'emplois en Asie-Pacifique - 5.6 millions d'emplois en Europe - 2.9 millions d'emplois en Amérique Latine - 2.2 millions d'emplois en Amérique du Nord - 2 millions d'emplois en Afrique - 0.9 millions d'emplois au Moyen Orient
Près d'un voyage sur deux dans le Monde est effectué par un ressortissant européen (48% en 2019). La Chine est le numéro 1 mondial pour les dépenses (1/5 des dépenses du tourisme international), suivie par les USA (1/10 des dépenses du tourisme international), l'Allemagne, le Royaume-Uni, la France, l'Australie et la Russie. La reprise du tourisme mondial dépend donc de la mobilité des populations de ces grandes nations.
Après la France, l'Espagne et les Etats-Unis, la destination qui occupe la 4ème position dans les Pays les plus visités en 2018 est la Chine ! Si une grande partie des touristes qui visitent la Chine sont chinois, le challenge de faire revenir les touristes occidentaux n'est pas une mince affaire.
Sur Latribune on peut lire les conclusions de l'étude du cabinet de conseil Archery Consulting :
""Il faudra, dans un scénario optimiste, 3 ans pour retrouver le niveau de trafic de 2019 et 10 ans pour retrouver la trajectoire d'avant-crise."
"La baisse du trafic aérien va impacter la demande d'avions entre 40 et 60% sur les 5 années à venir par rapport à la production réalisée en 2018, soit entre 3.000 et 5.000 livraisons d'avions contre 8.000 en 2018. Cette baisse sera plus forte sur les avions long-courriers que sur les moyen-courriers"
Sur Air-Journal on peut lire :
"Avec moins de 100.000 passagers enregistrés mardi dernier par la TSA dans les aéroports des Etats-Unis, le trafic est descendu dans le pays à des niveaux inconnus depuis les années 50 en raison de la pandémie de coronavirus."
"Après les attentats du 11 septembre 2001, les compagnies aériennes américaines avaient été clouées au sol et la reprise du trafic a été assez lente, mais l’ampleur de la pandémie de Covid-19 devrait entraîner un impact beaucoup plus long."
Et voici sur FlightRadar24 la courbe des vols depuis les 90 derniers jours :
IV - Le Tourisme après le Covid-19
Il y aura un "Après Covid-19" pour le secteur du tourisme. Non, le monde du voyage et l'industrie du tourisme ne vont pas rattraper le retard ni éponger la faillite, tous les professionnels le savent et les voyageurs eux-mêmes ressentent déjà une évolution dans leurs aspirations.
Mais l'homme ne va pas non plus cesser de se déplacer, son envie d'aller plus loin et plus vite fait partie du naturel qui reviendra au galop quand il sera de nouveau possible de l'envisager.
Confinés, nous avons cependant tous en tête de nombreux autres sujets intrinsèques à nos futurs projets de voyages : la sécurité, le respect des populations, l'écologie, le sens même de nos déplacements ?
Sédentaires forcés, nous sommes bien obligés de nous poser des questions : Pourquoi je voyage ? Est-ce que je ne devrais pas voyager en France "en attendant d'être sur que le monde aille mieux" ? Suis-je le bienvenue à l'étranger ? Comment ne pas nous effrayer les uns les autres et voyager sans représenter un virus potentiel ? Je repense alors aux discriminations qui ont émergées avec l'arrivée du virus, la peur de l'autre, les différences de respect des règles sanitaires...
Les voyageurs vont modifier leurs comportements et leurs exigences, les voyagistes, les réceptifs, les prestataires sont déjà en cellule de crise pour penser le tourisme de demain. Deux certitudes apparaissent au travers de toutes mes lectures :
Les voyages des 18 prochains mois après le "déconfinement" seront majoritairement nationaux, et ce pour tous les pays du Monde
Les populations vont dépenser moins dans leurs voyages par rapport aux années précédentes, privilégiant les vacances de proximité et les logements économiques
A lire : Où partir en vacances en France ?
Nous allons forcément nous adapter aux nouvelles règles et nous remettre tous au travail, mais rien ne sera comme avant ! Car les règles du jeu évoluent, les contraintes et les obstacles sont mouvants, à nous d'inventer le tourisme de demain.
Pour poursuivre, je vous invite à découvrir l'article "C'est une crise ? Non, c'est une révolution" de Christian Delom, propos récoltés par l'Echo Touristique dont je vous mentionne un extrait :
"Penser un redémarrage à l’identique serait l’erreur à ne pas commettre ! En début de crise, comme beaucoup, je pensais que le démarrage serait fulgurant et serait porté par un désir de rattrapage. Puisque guerre il y a, la signature de l’armistice aurait été un moment de libération. Mais y aura-t-il un armistice avec un ennemi sans visage ? Ne sommes-nous pas condamnés à une économie de guerre pendant de longs mois."
Tourisme en Crise & Covid-19 : L'Infographie
Voici mon infographie qui vous synthétise les faits marquants des données ci-dessus. Vous pouvez la partager à volonté (sans oublier de mentionner mon article en source afin d'apporter les informations complètes aux lecteurs).
Le Tourisme face au Coronavirus : à suivre...
En attendant de recevoir de nouvelles données chiffrées sur le tourisme mondial (que je publierai pour mettre à jour cet article), restez-chez vous et rêvez à vos voyages futurs (en allant faire un tour dans la rubrique "destinations" pour vous projeter au delà des frontières en 2021 ?)
A lire : Blog voyage et coronavirus
A l'heure où l'économie du tourisme est sinistrée, les transports internationaux quasi impossibles, les sites culturels et les hôtels fermés, quelles sont les répercussions sur mon activité ? quelles sont les solutions et démarches à entreprendre ? Comment vais-je m'en sortir financièrement ? et moralement ? Lire la suite
Pour plus d'informations sur les chiffres clés du tourisme, retrouvez ma catégorie Statistiques Tourisme et Voyage