Lors de mon voyage en Papouasie occidentale, j'ai expérimenté les compagnies indonésiennes sur listes noires. Vous savez, la liste noire indique les avions dans lesquels on vous déconseille de monter si vous voulez rester en vie ? Eh bien, nous ne sommes pas morts, mais nous ne sommes pas passés très loin.
1. Faites vos prières sur Lion Air
Pour vous mettre dans l'ambiance, voici le dépliant que vous trouverez à bord de tout appareil Lion Air. Il s'agit d'une carte de prière, adaptée à votre religion (cinq au choix) : The Invocation Card.
Le principe ? Lion Air vous invite à prier de toutes vos forces pour que l'avion arrive à bon port.
Au hasard, voici la prière catholique à réciter avant le décollage pour vous assurer que l'équipage sera en mesure de vous conduire à destination :
J'ai pour ma part récité la prière hindouiste, bouddhiste, catholique, musulmane et protestante, pour mettre toutes les chances de mon côté.
Pour nos vols Jakarta-Jayapura, l'avion est arrivé à bon port en un seul morceau. Grâce à Dieu !
2. Express Air gère la priorité à droite !
Pour nos vols internes en Papouasie, c'est bien simple, nous avions le choix entre trois compagnies, toutes très bien placées sur les listes noires : Trigana Airlines, Express Air et Merpati. Nous devions donc choisir entre la peste et le choléra. Car pas de bus ni de train et les bateaux étaient trop rares.
Nous avons une anecdote sympathique sur notre vol Jayapura-Sorong avec Express Air.
A demi traumatisée par mon vol Wamena-Jayapura (voir plus bas), j'ai quand même affronté ma peur pour remonter dans un avion papou qui nous promettait le paradis car il nous conduisait aux Iles Raja Ampat.
Après une heure de vol, j'apercevais la piste. "C'est bon, on arrive et tout s'est bien passé"
"La température au sol est de 36 degrés, merci de garder vos ceintures attachées..."
L'avion a presque touché le sol après une descente et une approche parfaite. J'ai souri en regardant le paysage qui s'offrait à nous. "Parfait ce vol"
Et puis ..... ?...??....???....Hein ? Mais quoi ?!
A une seconde de la victoire, le pilote a remis les gaz à fond la caisse et nous avons vu le sol s'éloigner de nouveau dans un désarroi le plus total. L'avion avait redécollé sans raison apparente et sans aucune annonce de l'équipage. Si près du but. Nous avons fait une montée en mode fusée et nous avons replongé vers la piste. Aucun passager ne semblait perturbé. C'est sans encombres que l'avion s'est posé, 5 minutes plus tard.
J'ai immédiatement demandé au personnel au sol ce qu'il s'était passé.
"Motorbike" m'a-t-on dit.
En fait, on m'a expliqué d'une façon toute à fait naturelle qu'un motard a traversé la piste, ce qui a forcé notre pilote à redécoller. Rien de grave donc. Sourire du personnel.
Car oui, un chemin coupe la piste ! Un raccourci quoi.
C'est vrai qu'un aéroport ça prend de la place donc c'est sûrement un poil relou de le contourner quand on est vraiment pressés.
Alors peut-être le feu rouge était-il en panne, je ne sais pas, je n'ai pas tout compris, mais j'ai appris une chose formidable : à Sorong, priorité à droite, même sur les pistes d'aéroport....
Quand je leur ai dit que si un motard coupe la trajectoire d'un avion en France, il finit certainement en prison, mes interlocuteurs m'ont fait de gros yeux.
"Ils sont durs dans votre Pays" m'a dit un gars du service bagage qui sentait le rhum à plein nez. Et puis, fou rire nerveux de ma part :)
Un extrait de mon carnet de voyage en Papouasie à ce sujet :
3. Wamena- Jayapura, le vol le plus flippant de ma vie
Pour vous rendre dans la vallée de Baliem en Papouasie occidentale, il n'y a pas mille solutions, ou plutôt, il n'y en a qu'une seule, car aucune route n'y accède. Vous ne pouvez même pas y aller à pied , il faudrait traverser une jungle hostile et grimper des montagnes pendant 15 jours. Même les papous qui sont d'excellents marcheurs ne s'y tentent pas. Ce qui explique pourquoi la vallée de Baliem est tellement coupée du reste du Monde.
La compagnie Trigana Airlines, sur les listes les plus noires du Monde entier, vous propose de vous y conduire en 30 minutes, pour moins de 40€.
Le vol à l'aller s'est déroulé plutôt normalement, enfin le mot "normal" n'est peut-être pas le bon. Car quand on se rend à l'aéroport de Wamena c'est déjà une grande expérience sur la planète papou. Pas vraiment de contrôle, pas vraiment de billet, pas vraiment d'hôtesses, pas vraiment d'aéroport en fait. Juste un avion posé là, une petite salle d'attente vétuste et un bout de piste.
Pour ce qui est du vol retour... hum... comment dire... J'ai comme la sensation d'être une miraculée.
Nous avons embarqué après avoir couru sur le tarmac (un agent de l'aéroport nous ayant dit à la dernière minute que nous changions d'avion). Pas de places attitrées dans un avion chargé à bloc de marchandises. J'étais alors séparée de plusieurs rangées de sièges d'Alex.
Décollage lourd et laborieux pour grimper en altitude.
Puis, des mouvements comme je n'en avais jamais ressenti. La sensation que l'avion ne tiendra pas 5 minutes. Moi qui suis pourtant habituée aux petits avions (je suis parachutiste quand même !) et bien là... je sentais que ça n'allait pas…
J'ai vu par le hublot que l'on se rapprochait beaucoup trop d'une montagne. On est passés à quelques mètres du sommet, c'était très impressionnant. Aucune hôtesse en cabine, aucune annonce. Et des montagnes et de la jungle à perte de vue. L'avion ne prenait pas d'altitude, et parfois il semblait chuter de quelques mètres.
"Merde mais on fonce sur les montagnes, donc je vais mourir, là, maintenant, tout de suite.."
Tout l'avion s'est mis à paniquer, les femmes faisaient des prières les yeux fermés ou les bras en l'air en parlant à haute voix, les visages étaient recouverts de larmes et les yeux figés par la peur. Mon chéri était livide plusieurs sièges derrière moi. Sans voix, pétrifié. Je lui ai fait mes adieux avec les yeux. Sincèrement.
C'est alors que j'ai aperçu un homme aux allures de businessman, assis au premier rang, qui semblait concentré, les yeux fermés mais plutôt détendu. Il avait surement fait ses prières et il était confiant. Il devait être habitué à ces vols. Alors j'ai été un peu rassurée. "Pour l'instant tout va bien...Pour l'instant tout va bien..."
Je me suis mise à dire "Don't worry, No problem" en boucle en prenant mes voisines dans les bras, recroquevillées contre ma poitrine pour me rassurer moi-même au passage. J'ai vu les montagnes s'éloigner un peu. L'avion a volé de façon très asymétrique, avec un bruit de tondeuse à gazon, en suivant une trajectoire sinusoïdale... et ce pendant une longue demi-heure... un supplice !
Alors je ne saurais vous expliquer par quel miracle on s'est enfin posés, mais la tension qui est redescendue était puissante. Nous nous sommes embrassés les uns les autres comme des rescapés.
Je garde ce petit bout de papier en souvenir de ce vol qui m'a semblé une éternité
Compagnies aériennes sur liste noire
Je vous rassure tout de suite si vous prévoyez un voyage en Indonésie ou en Papouasie, toutes les compagnies citées dans mes témoignages ont depuis été retirées de la liste noire !
Je vous liste ci-dessous tous les pays ayant encore des compagnies aériennes blacklistées :
🤣🤣🤣🤣
Wow ! Terrifiant ces récits ! Heureusement qu'à la fin, vous êtes encore en vie. 😪