Le KwaZulu-Natal est une province d'Afrique du Sud, berceau des traditions du peuple zoulou. Cette région abrégée en KZN est surnommée "la province des jardins". Elle réunit l'ancien bantoustan zoulou de KwaZulu et la province de Natal. Kwazulu se traduit par "place des zulus".
La grande ville la plus proche du KwaZulu-Natal est Durban au sud-est du Pays, bordée par l'Océan Indien. Ci-dessous la carte qui vous permet de localiser cette province en Afrique du Sud.
Un des lieux les plus remarquables de cette province est le parc du Drakensberg à cheval entre le KwaZulu-Natal et le Lesotho. Le Drakensberg est un massif montagneux qui propose des randonnées exceptionnelles et le col Sani est réputé pour ses panoramas sur la savane.
Si je me suis rendue ici ce n'est pas pour partir en trek, mais pour aller retrouver des zulus au fin fond de leur village. Je vous raconte ?
Ma quête dans le KwaZulu-Natal
C'est l'histoire d'un rêve de Bout du Monde que j'ai pu réaliser. Un rêve de voyage qui a grandi en moi depuis mes 20 ans, lorsque j'ai rencontré à Paris un certain Victor Mkhizé, guérisseur-compositeur-chanteur et danseur zulu.
C'était en 2000 et j'étais à l'époque chargée de monter des tournées de concerts pour des ensembles de chant traditionnels étrangers. Je suis alors partie sur la route avec Victor et son groupe de polyphonies zulu nommé "Colenso Abafana Benkokhelo", de concerts en concerts aux quatre coins de la France.
Voici un aperçu de cette folle époque :
Dix ans plus tard, dès l'instant où j'ai planifié notre road-trip en Namibie et au Botswana, j'ai cherché le moyen de faire une connexion avec Victor et le groupe que je n'avais pas vu depuis plus d'une décennie. Je savais qu'ils vivaient à l'époque dans un village nommé Colenso, localisé par Google Map à 3 heures de route de Durban. Je n'avais pas d'adresse, aucun contact internet ni téléphone (ils n'avaient qu'un fax à l'époque) et aucune certitude de les localiser. Mais nous sommes allés voir...
Jeu de piste de Colenso à Roosboom
Arrivés à Durban par avion depuis Cape Town, nous avons loué un véhicule et roulé en direction de Colenso, sans option d'hébergement et aucune connaissance du territoire. Colenso se situe à 250 km au nord-ouest de Durban et à 30 km au sud de Ladysmith au centre de la province du KwaZulu Natal. Nous avons donc roulé près de trois heures.
Arrivés à Colenso, j'ai demandé aux très rares passants si le nom de Victor Mkhizé et "Colenso Abafana Benkholelo" leur disait quelque chose. J'ai montré des photos du groupe enregistrées sur mon téléphone. Une petite foule compacte s'est formée autour de moi en quelques minutes. Il faut croire que Victor est célèbre, car les locaux ont identifié mon homme en moins de dix minutes ! Mais, mauvaise nouvelle, il avait déménagé ! Un passant m'a donné le nom d'un bled en me disant qu'il s'agit d'un Township : "Roosboom". Il m'a dit d'aller voir là bas... J'ai douté de lui un court instant, c'était si rapide... moi qui pensais partir dans une quête impossible ! Et puis comme je n'avais rien à perdre et aucune autre piste, j'ai suivi ses conseils. Nous n'avions pas de GPS et ce nom n'était pas indiqué sur notre carte. Près de là, un homme qui nous avait visiblement entendus nous a pointé du doigt deux jeunes filles pour nous escorter en chemin. C'était dingue car je n'avais pas parlé à cet homme, je me demandais s'il avait bien compris ma destination. Et puis, les deux jeunes filles, sans un mot, très timides, sont montées à l'arrière de notre voiture. Elles ne parlaient pas anglais et n'ont pas décroché un mot pendant près d'une demi-heure. Puis, elles nous ont fait signe de tourner à gauche puis à droite et ont murmuré "here, your friends !".
Nous étions bien à Roosboom, village traditionnel sans système d'eau courante et peu d'électricité. Les jeunes filles nous avaient indiqué le portail d'une propriété, composée de huttes d'un rose flamboyant. Puis, nos "guides" sont reparties à pied. Nous leur avons proposé de les déposer ailleurs, mais elles sont parties rapidement, d'un pas assuré et souriantes. Étions-nous arrivés à bon port ?
Colenso Abafana Benkokhelo, me voilà !
J'ai demandé à un adolescent qui était dans la cour si Victor Mkhizé habitait ici. La réponse fut simplement "Yes" puisque le jeune homme était l'un de ses fils ! Et pendant que je me présente à lui, une voiture est arrivée dans la cour. J'ai immédiatement reconnu Royal, un des membres du groupe vocal, fils de Victor également, il n'avait pas pris une ride, mais quelques kilos ! Embrassades, hallucinations, rires... Il a téléphoné à son père ("Philo, she's here, come on!!"). Il a rappliqué une heure plus tard. Tout allait si vite ! C'était finalement si simple. En attendant son arrivée, nous avons fait d'énormes courses pour célébrer l’événement.
Mes retrouvailles avec Victor étaient fortes en émotions. Je rencontre ses deux femmes, ses onze enfants, ses petits enfants, ses frères, voisins... je pleure de joie et on se raconte nos vies.
Victor est "sangoma" dans son village. Cela correspond au titre de guérisseur. Plus de 80 % de la population sud-africaine rend visite à un sangoma chaque année. Les sangoma exercent une grande influence sur la population, ce sont des maîtres spirituels qui entrent en contact avec les ancêtres dans un état de transe.
Et puis, Victor a réuni tous les membres du Colenso Abafana Benkokhelo, pour mon plus grand plaisir.
Polyphonies zulu dans la hutte !
Les six chanteurs du Colenso Abafana Benkokhelo m'ont invitée à les écouter dans une hutte du village. Dix ans plus tard, les chants et les danses étaient toujours les mêmes, même si certaines têtes avaient été remplacées. Victor m'a toujours dit que ses chansons lui apparaissent dans ses rêves, il compose en dormant !
Nous avons passé deux jours en compagnie de Victor et de ses proches, au rythme de cette si grande famille.
Pendant notre séjour dans le KwaZulu, nous sommes partis explorer la réserve de Weenen, espérant enfin rencontrer un rhinocéros blanc. Nous ne le trouvons pas mais nous roulons pendant trois bonnes heures et croisons de nombreux habitants dont ce majestueux koudou...
Après de longs adieux, nous avons repris la route direction Durban, nous avions un avion à prendre pour retourner en France après ce long et formidable périple qui m'a menée jusqu'ici... Je suis rentrée avec des étoiles plein la tête.
La vie est belle !
Voyage en Afrique du Sud
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