De retour de vacances entre séances de baignade, plongées sous-marines et petit rhume, il n’est pas rare de ressentir une gêne ou une douleur aux oreilles. Et là, panique à bord ! À quelques heures de monter dans un avion, une douleur persistante ou une oreille bouchée peut vite devenir une source d’inquiétude. Otite, tympan fragile ou baisse d'audition après une plongée : autant de scénarios qui poussent certains voyageurs à foncer aux urgences pour savoir si leur vol est compromis.
En montant en altitude, la pression de l'air baisse. À l'inverse, lorsque l'on fait une plongée sous-marine, la pression de l’eau augmente avec la profondeur. Et ces variations de pression ne sont pas sans conséquences sur nos oreilles. Je vous explique comment ça fonctionne et les précautions à prendre avant de monter dans un avion !
Avion et pression sur les oreilles
Si vous embarquiez à bord d’un avion non pressurisé, vous ressentiriez rapidement un manque d’oxygène en raison de la diminution de la pression atmosphérique en altitude (l’air devient rarefié et la quantité d’oxygène disponible dans chaque inspiration diminue). Ce phénomène est perceptible dès qu’on atteint environ 3000 mètres d’altitude, comme en haute montagne, où l’on commence à ressentir un essoufflement et parfois des maux de tête. C’est pourquoi, au-delà de 10 000 mètres, un avion non pressurisé rendrait la survie impossible sans apport d’oxygène artificiel.
La pressurisation des cabines permet de maintenir une pression d’air équivalente à celle que l’on trouve autour de 2000 à 2500 mètres, garantissant un apport suffisant en oxygène pour les passagers. Alors, bien que la cabine soit pressurisée pour maintenir une pression supportable, la pression baisse à mesure que l’avion monte en altitude.
Le schéma ci-dessous vous donne une indication approximative de la baisse de pression en altitude.
À l'atterrissage et au décollage, l’air emprisonné dans les petites cavités de l'oreille doit être libéré pour être à la même pression que l'air extérieur. C'est là que le fonctionnement de l'oreille intervient.
Plongée sous-marine, oreilles et avion
L'impact d'une plongée sur les oreilles
Lorsque l'on va sous l'eau, on parle de pression hydrostatique, que l'on mesure en bar (1 bar = 1013 hPa).
À l’inverse d'une montée en altitude, lorsque l’on fait une plongée sous-marine, la pression de l’eau augmente, et ce très rapidement !
Cette pression augmente d’environ 1 bar tous les 10 mètres de profondeur. À 10 mètres sous l’eau, la pression est déjà deux fois plus élevée qu’à la surface. C’est cette différence de pression qui rend essentiel le fait d'équilibrer progressivement la pression en descente et lors de la remontée, car un écart de pression peut provoquer un barotraumatisme ou une perforation du tympan.
Prendre l'avion après une plongée
Prendre l’avion trop rapidement après une plongée sous-marine peut avoir des conséquences sur votre organisme. Deux phénomènes distincts entrent en jeu : le risque d’accident de décompression et les variations de pression qui affectent l’oreille interne et les sinus.
Il est vivement déconseillé de programmer une plongée sous-marine dans les trois jours précédant un vol en avion !
Les oreilles sous pression
Lors d’une plongée, l’oreille interne et les sinus sont soumis à une forte pression. Si l’équilibrage ne s’est pas fait correctement, ou si des inflammations persistent après la plongée, la pressurisation de la cabine peut provoquer une douleur intense, voire un barotraumatisme de l’oreille moyenne.
De plus, un barotraumatisme survenu sous l’eau (liquide dans l’oreille interne, inflammation des sinus, rupture du tympan) peut s’aggraver en altitude et causer des vertiges, des acouphènes ou une perte auditive temporaire.
Pour prévenir ces risques liés aux oreilles, prévoyez une marge de 3 jours pour soigner vos bobos aux oreilles en urgence, surtout si vous n'êtes pas un plongeur aguerri ou que vous avez un système ORL fragile.
L’accident de décompression
Outre les problèmes liés aux oreilles, prendre l'avion après une plongée avec bouteilles, présente un autre risque majeur.
Lorsqu’on plonge sous l’eau, l’air que l’on respire à partir d’un détendeur est composé principalement d’azote. En remontant lentement, cet azote est progressivement éliminé par la respiration. Mais si vous prenez l’avion trop tôt, la pression en altitude diminue et l’azote encore présent dans vos tissus peut provoquer un accident de décompression.
Les recommandations officielles indiquent qu’il faut attendre au moins 12 heures après une plongée sans palier de décompression et 24 heures après une plongée avec palier avant de prendre l’avion.
Oreilles et gestion des écarts de pression
Lorsque nous subissons un changement de pression rapide, comme en avion ou en plongée, voici comment nos oreilles se comportent en temps normal : la trompe d’Eustache, un petit canal reliant l’oreille moyenne au pharynx, équilibre la pression de chaque côté du tympan. Lors du décollage ou d'une remontée en plongée, puisque la pression extérieure diminue, l’air emprisonné dans l’oreille moyenne est en surpression.
C'est alors que la trompe d’Eustache s'ouvre afin de libérer l'air situé derrière le tympan.
Voici, en bref, ce que vous devez savoir :
Oreille externe : C'est la partie visible de l'oreille : le conduit auditif externe qui capte les sons.
Oreille moyenne : Elle transmet les vibrations sonores du tympan (membrane fine qui vibre avec le son) aux osselets (composé de trois petits os : marteau, enclume, étrier) qui amplifient les vibrations sonores.
Oreille interne : Elle convertit les vibrations en signaux électriques pour le cerveau via la cochlée, une structure en spirale remplie de liquide
Trompe d'Eustache : C'est un canal étroit reliant l’oreille moyenne au nasopharynx (arrière du nez et du haut de la gorge). Sa principale fonction est de maintenir une pression égale entre l’oreille moyenne et l’environnement extérieur. Lorsque la pression extérieure change (altitude en avion, plongée, ascenseur rapide), la trompe s’ouvre pour laisser passer l’air et équilibrer la pression.
Les dysfonctionements de la trompe d'Eustache
Si le canal de la trompe d'Eustache ne s’ouvre pas correctement (en raison d’un rhume, d'une sinusite, d’une congestion ou d’une otite), une différence de pression se crée provoquant des douleurs, une sensation d’oreilles bouchées ou des douleurs. Si vous prenez l’avion avec une trompe d’Eustache qui reste fermée, l’air sous forte pression est emprisonné dans l’oreille moyenne.
Lorsque la trompe d'Esutache fonctionne correction, elle peut cependant rester fermée mais deux actions très simples permettent de l'ouvrir :
Déglutir, bâiller, boire, mâcher du chewing-gum
Pincer le nez et souffler doucement en gardant la bouche ouverte (manœuvre de Valsalva). Attention : Si ça ne fonctionne pas, il ne faut surtout pas forcer ou insister, surtout si c'est douloureux, car une application forcée ou excessive peut endommager les structures délicates de l'oreille.
Attention : forcer pour déboucher ses oreilles ou réaliser une mauvaise compensation de la pression (en plongée ou en avion) peut provoquer une lésion appelée barotraumatisme. Lors d’un barotraumatisme, l’équilibrage de la pression de l’air ne s’effectue pas correctement.
Prendre l'avion avec une otite ou une sinusite
L’otite est une inflammation ou une infection de l’oreille. Il existe plusieurs types d’otites, qui se distinguent par leur localisation et leur cause. Si l'otite est légère et sans infection, un voyage en avion peut être envisageable, mais dans tous les cas, vous devrez consulter un médecin pour avoir son avis et prendre un traitement pour vous décongestionner. Si vous êtes en voyage, pendez à la téléconsultation.
Si l'otite est interne ou infectée ou que vous avez un tympan percé, ne songez même pas à prendre un vol, surtout long courrier, au risque d'en souffrir et d'avoir des dégâts irréversibles. Voyager avec une infection à l'oreille peut entraîner une forte douleur, une perforation du tympan, une perte de l'audition, des vertiges, des nausées, des acouphènes, une propagation de l'infection aux structures voisines (sinus, mastoïde, méninges) etc.
Cependant, si vous réagissez rapidement, un médecin peut vous prescrire des antibiotiques et des solutions auriculaires et nasales qui vous remettront vite sur pied !
J'ai réussi à prendre un vol 72 h après mon passage aux urgences (pour double otite, externe et séreuse), grâce à des antibiotiques, des gouttes à la cortisone et un lavage du nez minutieux.
Otite externe (otite du baigneur)
Où ? Dans le conduit auditif externe (entre l’oreille et le tympan)
Causes : Humidité excessive (piscine, douche), blessures (coton-tige, grattage), infections bactériennes ou fongiques.
➜ Risque en avion : Elle n'empêche pas de prendre l'avion mais prendre l'avion peut provoquer des douleurs supportables et des sensations désagréables.
Otite moyenne aiguë
Où ? Derrière le tympan, dans l’oreille moyenne.
Causes : Infection virale ou bactérienne souvent après un rhume.
➜ Risque en avion : Ne pas prendre l'avion avant une guérison complète. L'avion peut entrainer des douleurs très vives et une possible rupture du tympan.
Otite moyenne séreuse (liquide derrière le tympan)
Où ? Oreille moyenne.
Causes : Mauvaise évacuation du mucus après un rhume ou une allergie, mauvaise évacuation de l'eau après une plongée, dysfonctionnement de la trompe d’Eustache.
➜ Risque en avion : Ne pas prendre l'avion avant une guérison, au moins partielle. L'avion peut entrainer des douleurs très vives et une aggravation.
Otite barotraumatique
Où ? Oreille moyenne.
Causes : Changement de pression brusque (avion, plongée, montagne), trompe d’Eustache bloquée.
➜ Risque en avion : Ne pas prendre l'avion avant une guérison complète. L'avion peut entrainer des douleurs très vives et une possible rupture du tympan
Otite interne (labyrinthite)
Où ? Oreille interne (zone de l’équilibre).
Causes : Infection virale, bactérienne ou complication d’une otite moyenne.
➜ Risque en avion : Il s'agit d'une urgence ORL grave. Ne pas prendre l'avion avant une guérison complète. L'avion peut entrainer des douleurs très vives et une possible rupture du tympan
Sinusite aiguë
Où ? Cavités situées autour du nez et des yeux
Causes : Infection virale, bactérienne, allergie ou barotraumatisme des sinus.
➜ Risque en avion : Il s'agit d'une urgence ORL grave. Ne pas prendre l'avion avant une guérison complète. L'avion peut créer des complications (infection plus profonde, saignements)
En cas de douleur aux oreilles quelques jours avant un vol, allez directement aux urgences, ne perdez pas une minute ! Si votre vol approche, un traitement peut rendre votre vol possible s'il est pris à temps.
Conseils pour prendre l'avion avec une otite
Si vous devez voyager malgré une otite légère (selon avis d'un médecin), voici quelques conseils pour atténuer les désagréments :
Nettoyez et utilisez un décongestionnant : Avant le vol, nettoyez votre nez avec une solution hypertonique (eau de mer) autant que possible et utilisez un spray aux corticoïdes qui a pour but de vous aider à dégager les trompes d’Eustache.
Prenez des antidouleurs : Pour supporter les désagréments éventuels, prenez des anti-douleurs comme du paracétamol.
Utilisez des bouchons d’oreilles régulateurs de pression : Contrairement aux bouchons d’oreilles classiques, les bouchons à régulation de pression (comme ceux-ci) contiennent un filtre spécial qui ralentit les changements de pression entre l’air extérieur et l’oreille moyenne.
Mâchez du chewing-gum : Ça stimule la déglutition, aidant à équilibrer la pression dans les oreilles.
Effectuez la manœuvre de Valsalva : Se pincer le nez, fermer la bouche et souffler doucement peut aider à équilibrer la pression.
Buvez de l’eau : Ça aide à prévenir le blocage des trompes d’Eustache.
Mon traitement pour guérir mon otite
Lorsque j'ai dû consulter en urgence un médecin, trois jours avant mon vol, voici le traitement que j'ai dû suivre pour soulager ma double otite (séreuse et moyenne aiguë d’origine bactérienne). Le vol s'est bien passé, avec une sensation d'oreille bouchée très présente qui s'est résorbée les jours suivants. Comme vous pouvez le constater, le traitement est composé majoritairement de remèdes qui ne ne délivrent pas sans ordonnance, une raison de plus d'aller au plus vite chez un docteur !
Polydexa : Solution auriculaire pour traiter l’infection bactérienne grâce à ses antibiotiques et pour réduire l’inflammation avec le corticoïde.
Prednisolone : Corticoïde pris par voie orale pour diminuer l’inflammation et le gonflement des muqueuses, réduire la pression dans l’oreille moyenne et améliorer le drainage.
Nasacort : Spray nasal à base de corticoïde qui réduit l’inflammation des voies nasales et améliore la ventilation de la trompe d’Eustache.
Doliprane (paracétamol) : Soulage la douleur associée à l'otite.
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