Le peuple Himba est une tribu qui a conservé des traditions ancestrales, tant au niveau social, vestimentaire, que religieux ou alimentaire. C'est près de 10 000 personnes himbas qui vivent en Namibie aujourd'hui. Lors de notre road trip en Namibie et au Botswana, nous avons traversé la Namibie et avons rencontré à Kamanjab un homme qui oeuvre pour la cause du peuple Himba, nous avons donc visité son village.
Le peuple Himba
1. Origines et caractéristiques du peuple Himba
Le peuple Himba qui appartient au groupe linguistique "bantou" (bantou se traduisant par "humains" en kikongo et définissant une typologie de langage), fait partie du peuple Herero (ce dernier étant composé de plusieurs ethnies). Ce sont originellement des pasteurs nomades (éleveurs), devenus chasseurs-cueilleurs par la force des choses.
Venant au départ de l'Afrique des Grands Lacs, ils ont traversé la rivière Kunene au 16e siècle. Cette rivière est aujourd'hui la frontière entre Angola et Namibie. Arrivés de l'autre côté de la rive, ils ont découvert que les peuples éleveurs Ovambo et Nama occupaient déjà les meilleures terres, ils ont donc migré un peu plus bas vers le Kaokoland. Kaokoland se traduit par "terre isolée" et pour cause, les points d'eau étaient rares, les terres arides et la survie ici était une épreuve de chaque instant. Le peuple a donc adopté un mode de vie semi-nomade, allant de points d'eau en points d'eau sur d'immenses distances.
Leur isolement les a rendus vulnérables, ils se sont donc fait piller leur bétail par des Namas, les obligeant à se replier en Angola où ils pratiquaient la chasse et la cueillette pour survivre.
C'est à cette époque que l’appellation "Himba" leur a été donné, elle signifie "Mendiants"...
Le peuple himba est de religion animiste, ce qui signifie que leurs croyances en les âmes et les esprits prennent source dans tous les éléments naturels et les êtres vivants.
2 . Colonisation, les ennuis commencent...
Alors que les Himbas vivaient du côté angolais, ils ont subi la colonisation portugaise. Ils ont alors été engagés par les portugais comme mercenaires pour lutter contre les "rébellions indigènes". Avec l'argent amassé avec ces activités contraintes, il ont racheté du bétail.
Au début du 20 ème siècle, la colonisation allemande a plongé la Namibie dans le sang. En 1904 a commencé le massacre des Héréros (dont les Himbas en place) et des Namas, abomination instaurée par un général allemand qui commandait les forces coloniales dans l'actuelle Namibie. Un terrible programme d'extermination qui a entraîné la mort de 80 % des autochtones (65 000 Héréros et près de 20 000 Namas).
Dans les années 1920, pendant la colonisation sud-africaine, la plupart des Himbas qui se trouvait en Angola a traversé à nouveau la rivière Kunene pour finalement retourner vivre dans le Kaokoland. C'est sans compter sur le fait que, le gouvernement sud africain interdisait aux Himbas de faire du commerce de bétail hors de leur région, les plongeant alors dans la sédentarité et l'autarcie.
En 1970, avec le temps, les Himbas avaient reconstitué un important bétail mais une vague de sécheresse sans précédent, suivie de la guerre d'indépendance, ont à nouveau décimé leur cheptel. Jusqu'à l'indépendance qui n'arrivera qu'en 1990, les himbas ont survécu avec difficultés, reprenant peu à peu leur vie nomade.
3. Le peuple Himba aujourd'hui
Les Himbas vivent en grande majorité au nord de la Namibie, la plupart d'entre eux résidant dans la région du Kaokoveld, en minorité sur ce territoire occupé par ceux que l'on appelle aujourd'hui les "héréros". Une minorité de descendants du peuple Himba vit en Angola à la frontière namibienne.
Avec l'arrivée des touristes à la fin du 20e siècle, les himbas ont été trop rapidement noyés dans le monde occidental qui a envahi ses terres. Ils y ont trouvé une autre source de revenus avec l'artisanat, perdant peu à peu leurs traditions. Le danger principal a alors été l'alcool bon marché auquel ils ont eu soudainement accès...
À l'inverse des Héréros, les Himbas n'ont pas été influencés par les colons sud africains dans leur mode de vie, leur religion ou leur mode vestimentaire. De ce fait, les Himbas sont aujourd'hui considérés par les Héréros, qui portent de grands chapeaux et de longues robes au style victorien, comme des êtres mal éduqués.
Visite d'un village Himba
1. Faut-il visiter un village himba ?
J'ai souvent lu que les camps Himbas dans le Kaokoland étaient des "zoos humains", terrible expression. Il est évident que les peuples, manquant cruellement de ressources et de perspectives d'avenir pour leurs communautés, ont dû chercher des moyens de survivre dans le contexte actuel. Comprenant que les touristes étaient prêts à payer pour en savoir plus sur leur culture, ils y voient un moyen de conserver leur style de vie et de développer une activité touristique et commerciale. Ils survivent donc en acceptant des visites, en vendant de l’artisanat et en organisant des démonstrations de leur savoir-faire.
Le peuple Himba s'inscrit dans le monde d'aujourd'hui avec toute la complexité que cela engendre... Je pense donc que toute la question de visiter ou non un village himba repose sur "à qui profite les ressources du village ? à qui vont les revenus de l'artisanat ?"
Lors de notre venue, nous étions les seuls étrangers dans le village, accompagnés par un guide qui nous a mis très à l'aise.
Nous avons passé trois heures à découvrir les traditions de ce peuple si intriguant avec femmes et enfants du village. L'orphelinat Himba que nous avons visité semblait servir une noble cause, celle de permettre aux femmes et aux enfants de vivre dignement, de payer l'école des enfants et de se payer des soins médicaux, tout en mettant en valeur leurs traditions dont ils sont fiers.
Et oui, le financement de cet orphelinat n'est autre que le passage des voyageurs qui achètent de l'artisanat et font des donations.
Refuser de visiter un village sous prétexte que les himbas doivent vivre "comme avant, sans l'argent des touristes", je trouve ça effrayant.
Parce que, s'ils ouvrent un village, c'est qu'ils ont besoin de créer un commerce, et donc qu'ils souhaitent y voir des clients.
Ce n'est pas à nous, touristes, de décider ce qui est bon ou pas pour eux, sous prétexte que ça nous semble plus poétique qu'ils vivent à l'écart de notre abominable société capitaliste...
Ainsi va le Monde et nous n'avons pas à préserver des êtres humains de la mondialisation comme on protège un parc naturel.
Si vous décidez de ne pas visiter un tel lieu pour des raisons que vous jugez éthiques, soyez cohérents et ne voyagez pas du tout en Namibie !
Oui, le tourisme est autant une source de revenus qu'une source de pollution à tous les sens du terme.
Certains touristes se plaignent, sur les forums, du fait que les himbas "font la gueule et ont l'air malheureux de faire visiter leur village".
Oui, c'est probablement un sort qu'ils ne souhaitaient pas, surtout que l'on comprend aisément que le touriste blanc puisse leur rappeler les colons qui ont assassiné leurs ancêtres, pillé leurs richesses et éclaté leurs ethnies avec un partage grossier de l'Afrique.
C'est la seule activité qu'ils aient développée pour subvenir à leurs besoins, à nous, visiteurs, de la rendre la moins désagréable possible en nous comportant correctement. À nous de ne pas nous contenter de venir voler des images qui feront rêver sur les réseaux sociaux sans nous pencher un maximum sur leur réalité. À nous d'ouvrir nos oreilles et de nous documenter avant de voyager dans de telles destinations. À nous de faire notre maximum pour trouver un lien, un pont, un échange entre nos cultures tellement éloignées à priori. Par des choses universelles comme le rire, le regard vrai, la musique ou encore l'écoute...
Pour aider les Himbas à se protéger de cette modernité imposée, l’association "Kovahimba" œuvre pour défendre leurs droits. Cela passe avant tout par la lutte pour le maintien de l’élevage nomade, la maîtrise des flux touristiques et de ses revenus et enfin leur représentation juridique.
Solenn Bardet, ethnographe qui a consacré ses études à ce peuple dit très justement "Les aider ou mieux les accompagner, n’a de sens que si c’est une réponse à leur demande dès lors qu’ils souhaitent que d’autres savoirs croisent les leurs".
La colonisation a bouleversé et ravagé le continent africain, détruit des ethnies, salit ses traditions, anéanti des cultures entières. Alors, à moins de rendre les terres qui ont été volées pendant la colonisation, il n'y a pas de solution miracle.
Maintenant que certains peuples se retrouvent dans une extrême pauvreté et dans une situation d'isolement face au "monde moderne", nous nous devons de donner ce que nous pouvons si nous mettons les pieds ici. Faire un don en argent ou en vivres est indispensable lors d'une visite. Ça ne changera pas le Monde, mais ça participera à l'économie communautaire.
2. Notre visite dans le village Himba
J'ai visité l'Otjikandero Himba Orphan Village, dédié à la préservation des coutumes himba et au soutien des enfants orphelins de la communauté. Le village Himba géré par un nommé Jako, est situé près de Kamanjab, une petite ville dans la région de Kunene, au nord-ouest de la Namibie. Kamanjab se trouve à environ 120 km à l'ouest de la ville d'Outjo et à environ 350 km au nord-ouest de la capitale, Windhoek.
Les femmes nous ont expliqué leurs traditions, la façon qu'elles ont de se coiffer avec de l'argile, de s'enduire la peau de graisse de vache et de poudre d'ocre et de se vêtir d'un pagne en peau. Elles se font même arracher les quatre dents du bas (en l'honneur à la vache, sacrée) et les ornements que portent les femmes pèsent très, très lourd !
On nous explique que les coiffures des hommes et des femmes correspondent à leur âge et état civil (non pubère, approchant de la puberté, pubère en âge de se marier, marié...). Nous découvrons aussi le feu qui ne doit jamais s'éteindre, car il a une signification spirituelle,il permet de relier les vivants au monde des esprits...
Bref, nous écoutons la porte-parole de cette communauté attentivement, en liant des conversations grâce à notre guide et à notre "G Palemo" pour communiquer avec les plus jeunes. Finalement, les femmes me posent aussi beaucoup de questions sur mon mode de vie, les paysages et traditions de chez moi, c'est un vrai échange.
Les femmes nous plaignent quand nous leur expliquons notre mode de vie individualiste.
3. Mes recommandations avant de visiter un village Himba
Renseignez-vous sur l'organisation du village ? Qui l'a fondé ? Comment l'argent du tourisme est réparti ?
Ne parlez pas à votre guide, mais parlez aux femmes et aux enfants directement, puis demandez au guide de rester près de vous pour traduire, par signe de respect
Ne donnez pas de bonbons aux enfants (caries dentaires) mais plutôt des crayons et des cahiers, des livres d'images, des ballons à gonfler, des jouets durables (poupées, petites voitures), des vêtements ou des gâteaux.
Toutes les femmes nous demandaient de les prendre en photos pour se regarder ensuite, nous ne faisions pas de photos sans leur accord
Nous avions apporté comme cadeau une lampe à manivelle, utile et écolo !
Bien sûr, ne partez pas sans faire une donation et rapporter un petit souvenir artisanal (fait de bouts de pneus ou autre recyclage souvent !)
Un choc des cultures intense et passionnant !
Prochaine étape : Twyfelfontein (Damaraland)
Nous avons ensuite repris la route avec notre 4x4 roof tent pour nous diriger vers la côte ouest de la Namibie en passant par Twyfelfontein, Cape Cross et Swakopmund avant de filer vers les dunes de Namibie !
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La Namibie en 4x4 avec tente sur le toit
Pour partir en road-trip à la découverte de la Namibie et du Botswana, nous avons opté pour un autotour en 4X4 avec tente sur le toit. C'est la meilleure solution pour se déplacer en toute liberté tout en ayant les campements pré-réservés et une feuille de route à suivre.
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Bonjour NFoulex, merci pour votre message. C'est une agence locale qui m'a mise en relation (vous trouverez le lien dans le chapitre III). Bon voyage à vous !
Bonjour, nous partons au mois d'octobre en Namibie et nous souhaiterions rencontrer le peuple Himba, mais pas dans un "attrape touriste", où avez-vous trouvé votre guide à Kamanjab? Merci d'avance de votre réponse ;)